WORKSHOP

WORKSHOP CREER UNE MARCHE SENSIBLE ET PARTICIPATIVE

Ecole d’art du Beauvaisis, Beauvais

15 novembre 2023

sur une invitation de Line Herbert-Arnaud

Exercices corporels et dansés en matinée, plongée dans la ville. 

Création de marches participatives. Dessin des cartes de marches.

Expérimenter le rapport sensoriel à l’espace et aux lieux, en relation aux autres.

WORKSHOP

WORKSHOP CREER UNE MARCHE SINGULIERE

Sur une invitation de Line Herbert-Arnaud

étudiants en Licence arts plastiques

Angers, Université Catholique de l’Ouest 2022-2023, deux jours.

Déambuler dans un premier temps avec les étudiants le long d’un parcours. Observer. Danser la ville. Frôler les bords. Enjamber les jardins. Voir le paysage en double, en triple à travers les miroirs.

Ensuite, aux étudiants de créer par deux par trois une marche singulière.
Choisir son parcours.
Ce que l’on va faire voir, sentir, toucher. Demander de fermer les yeux. D’écouter la rivière.
Provoquer le jeu, résoudre des énigmes, aiguiser le flair.

Au bord du Ciel, de la Terre et de l’Humanité

Au bord du Ciel, de la Terre et de l’Humanité

Performance le 16 octobre 2022

Opale, Montreuil

Avec Jean-Paul Thibeau, nous devions réaliser ensemble une performance. Jean-Paul a eu un ennui de santé. Je l’ai donc réalisée seule. Jean-Paul devait initier le public à l’art traditionnel des fleurs, l’ikebana. J’ai gardé l’esprit de la performance que nous avions imaginée. J’ai commencé par faire le récit de l’origine de cette performance, puis comment je l’ai moi-même conçue. J’ai raconté d’où venait les matériaux de ma performance, des végétaux venant de différentes marches ou encore des bambous issus de la prairie où ont eu lieu les Estivales de la Permaculture. Ensuite j’ai fait entendre le son du bol tibétain. J’ai secoué et dansé avec les bambous et fait entendre aux gens le bruissement des feuilles de bambous au-dessus de leur tête. J’ai étendu sur une large bande de papier des traces de peinture bleue avec un large pinceau accroché à un balai, en hommage aux peintures de John Cage. Puis j’ai réalisé plusieurs empreintes de feuilles. J’ai ensuite invité les personnes à me rejoindre, à choisir les feuilles qui leur plaisaient, à réaliser des empreintes de feuilles où ils le souhaitaient et ainsi à finaliser la peinture.

« Labo d’images » avec les artistes Benoît Cavin, Julie Dawid, Isabelle Millet, Claire Renier et le musicien et compositeur Mikayil Quenum-Sanfo

// Labo d’images

Images projetées à partir de différents gestes et matériaux : diapositives recyclées, objets, poèmes, encres et peintures.

Mikayil Quenum-Sanfo, Mauvais Sang, ponctue la performance visuelle de collages sonores analogiques et numériques.

le 17 avril 2022 dans le tiers-lieu Opale à Montreuil
dans le cadre du festival Rares Talents

Isabelle Millet et Mikayil Quantum-Sanfo
Isabelle Millet
Images trouvées d’Isabelle Millet
Benoît Cavin
Benoît Cavin
Julie Dawid
Julie Dawid
Julie Dawid, Isabelle Millet et Claire Renier
Performance de Julie Dawid, images d’Isabelle Millet et matériaux végétaux de Claire Renier
« Paysage en mouvement », Julie Dawid, Isabelle Millet et Claire Renier
Claire Renier
Claire Renier

Atelier Danse-Paysage

Atelier Danse-Paysage

Radeau des Champs

Visan, Drôme, été 2020

sur une invitation de Jean-Paul Thibeau

durée 3 heures

Après un temps de méditation et de relaxation, j’ai proposé aux membres de l’atelier de découvrir la danse improvisée. Nous sommes entrés ensuite en contact avec plusieurs éléments de la nature : arbre, troncs, herbe, feuilles, etc… Après avoir constitué un duo, chacun a choisi un endroit du paysage. Chacun était invité à imaginer des gestes assez simples afin de « chorégraphier » le lieu, afin de le « faire voir » à l’autre membre du duo.

Photographies Jean-Paul Thibeau

Lecture – Performance

Lecture – Performance
Hommage à Virginia Woolf
Aux femmes en Afghanistan

La Foulerie Normandie Août 2021

Texte

Je suis en train de lire le livre de Virginia Woolf Une chambre à soi, publié en 1929. 

Ce week-end passé en votre compagnie à la Foulerie me donne très envie de partager avec vous mon engouement pour ce livre, que je trouve vraiment très beau et extrêmement instructif quant à la condition des femmes au 19èmesiècle et qui nous parle encore aujourd’hui. 

Virginia Woolf est décédée en 1841. Nous sommes en 2021. 

Ce sont donc les 80 ans de sa mort. 

Une chambre à soi est un livre féministe. Si j’ai particulièrement envie d’en parler aujourd’hui, c’est qu’en ce moment même, les talibans sont en train de revenir au pouvoir en Afghanistan. 

Les femmes doivent être terrifiées en ce moment à l’idée de subir à nouveau le joug des hommes de ce  gouvernement. 

Ce livre a été écrit à partir de plusieurs conférences que Virginia Woolf a données dans plusieurs collèges pour femmes en 1928. Il est donc assez facile à lire.  

En lisant ce livre, nous avons en effet l’impression de l’entendre parler. 

Pour aborder le sujet qui lui a été demandé (les rapports entre « les femmes et le roman »), elle va raconter – entre autres – sa déambulation dans les cours et les parcs d’universités d’« Oxbridge » ou de « Fernham »(dont les nom sont complètement inventés) et Londres. Dès le début du livre, elle prend soin d’expliquer que tout son récit est de la pure fiction. 

En tout cas, il va lui arriver un certain nombre de déboires, en tant que femme. On va lui refuser par exemple l’entrée dans la bibliothèque d’Oxbridge, le bibliothécaire exprimant que les femmes n’y sont admises qu’accompagnées d’un professeur de l’université ou pourvues d’une lettre de cette même université. 

Lorsque V. Woolf se rendra dans la bibliothèque du British Museum à Londres, elle va recenser les livres écrits par des femmes, qui vont être bien moins nombreux que ceux écrits par des hommes. Elle va se poser la question des raisons qui font qu’une femme écrive moins qu’un homme. C’est passionnant. Je vous invite à lire le livre…. En premier lieu, l’importance pour la femme d’avoir « une chambre à soi ». 

Elle va tomber sur un livre intitulé L’infériorité intellectuelle, morale et physique du sexe féminin, écrit par un certain Pr. Von X. Je n’ai pas besoin de vous raconter sa consternation. 

Ce que je voudrais maintenant, c’est vous lire un court extrait du livre, qui se trouve au début. 

Il décrit l’arrivée de Virginia Woolf à l’université de Fernham. 

Je m’adresse à un public composé de personnes qui viennent tout juste d’arriver à la Foulerie et d’autres qui sont là depuis quelques jours. Je m’excuse auprès des personnes qui viennent juste d’arriver. 

En effet je souhaite faire un petit jeu avec les personnes qui sont là depuis deux jours. 

J’aimerais que, pendant ma lecture, vous repériez les « sujets » qui ont été évoqués au cours des différents conversations, du matin, du midi, du soir, que nous avons eues, depuis notre arrivée à la Foulerie. Pourriez-vous nous les « donner » à la fin ? 

Je commence : 

« Comme je vous l’ai déjà dit, c’était un jour d’octobre. Je ne veux pas risquer de perdre votre estime, ni mettre en danger ce joli mot de « fiction » en changeant de saison et en décrivant des lilas pendant au-dessus des murs des jardins, des roses, des tulipes ou d’autres fleurs printanières. La fiction doit adhérer aux faits, et plus vrais sont les faits, meilleure est la fiction. – c’est ce que l’on nous dit. 

C’est pourquoi nous continuons d’être en automne, c’est pourquoi les feuilles continuent d’être jaunes et de tomber, peut-être même un peu plus vite qu’auparavant, car voici que le soir est venu (sept-heures trente-trois pour être précise) et une brise (du sud-ouest, pur être exacte) s’est levée. Néanmoins, quelque chose ne tournait pas rond. 

Mon cœur est comme un oiseau qui chante, 

Et dont le nid est dans la jeune branche humide, 

Mon cœur est comme un pommier

Dont les branches ploient sous les fruits serrés.

Les mots de Christina Rossetti étaient peut-être partiellement responsables du délire d’imagination – car il ne s’agissait bien sûr que d’imagination – qui me fit voir des lilas balançant leurs fleurs au-dessus des murs de jardin, des papillons couleur soufre, s’enfuyant de-ci de-là, des poussières de pollen volant dans les airs. Le vent souffla en provenance de je ne sais où, soulevant les feuilles à demi écloses, si bien qu’une sorte d’éclair gris argent traversa les airs. Nous étions entre chien et loup. C’était l’instant entre chien et loup où les couleurs s’exaspèrent, où les violets et les ors enflamment, comme les battements d’un cœur impressionnable, les carreaux des fenêtres. C’était le moment où la beauté du monde, éclatante mais prête à périr – ici j’entrai dans le jardin, car la porte en avait été imprudemment laissée ouverte et, selon toute apparence, il n’y avait pas d’appariteurs dans les alentours – montre ses deux visages : visage riant et visage d’angoisse, qui partagent également notre cœur. Les jardins de Fernham s’étendaient devant moi dans le crépuscule printanier, sauvages et accessibles ; des jonquilles et des jacinthes, comme négligemment éparses, jonchaient l’herbe haute ; ces fleurs qui n’eussent sans doute pas été dans un ordre parfait par le temps le plus beau, à présent pliées sous le vent, ondulaient et tiraient sur leurs racines. Les fenêtres de l’édifice, fenêtres incurvées comme celles des bateaux, entre leurs abondantes vagues de brique rouge, passaient du citron à l’argent sous le vol des rapides nuages printaniers.  

Quelqu’un était dans un hamac, quelqu’un (mais dans cette lumière, les êtres n’étaient que des fantômes, mi- devinés, mi- vus) traversa en courant la pelouse – personne n’allait l’en empêcher ? – puis apparut soudain – comme si elle sortait un instant pour prendre un peu d’air, pour jeter un coup d’œil sur le jardin, une silhouette courbée, formidable et humble cependant avec son large front et sa robe usée – ce pouvait être la fameuse érudite J. H…en personne ? Tout semblait obscurci et cependant intense, comme si l’écharpe que le crépuscule avait jetée sur le jardin eût soudain été coupée en deux par une étoile ou par une épée – l’éclair de quelque terrible réalité jaillissant comme à l’accoutumée du printemps même. Car la jeunesse… »

(P. 27)

Récit des journées qui ont précédé la marche du 13 mars 2020, par Claire Renier

« Quelques jours avant »…

 

Objectif : invitées par Gilles Tiberghien, nous devons imaginer une marche avec Alice Freytet, artiste-marcheuse et paysagiste, entre l’Ecole du Paysage et la Vieille Charité. Elle aura lieu le vendredi 13 mars à Marseille, dans le cadre des Rencontres « La marche catalyse de l’art et du savoir » au FRAC PACA. Avec Alice, on se ne connaît pas. Grâce aux échanges de mails, je pense qu’on va bien s’entendre. Alice dessinera pendant le trajet un « rouleau de paysage », comme elle le fait régulièrement lors des marches qu’elle organise. Les marcheurs sont invités à glaner des objets qui seront déposés sur le rouleau. Durée : 1 heure environ. J’arrive quelques jours en avance.

1er jour : arrivée à Marseille. Le papier du plan de la ville que l’on m’a donné est si fin qu’il se déchire lorsque je sors de l’Office de Tourisme sur la Canebière. J’y retourne et j’en prends plusieurs que je fourre dans mes poches. Tout a été refait à neuf. Plus de voitures ici, c’est bien. Calme. Je cherche un banc pour regarder la carte sur l’esplanade déserte. Pas un seul banc sur le Vieux Port pour s’asseoir. On me dit qu’il y en a sur le chemin du côté de la Mairie. Je ne vais pas chercher un banc maintenant. Je m’assois, comme avant, sur le quai près de l’eau devant les bateaux.

2ème jour : je suis assez excitée, je vais voir enfin le Passage de Lorette qui, de la rue de la République nous conduit dans une très grande cour intérieure, le Passage des Folies Bergères. Je l’ai découvert grâce au livret internet « L’écran et la fumée ». C’était un des lieux préférés de l’écrivain allemand Walter Benjamin, selon Alain Paire, catalysant tout Marseille autour de lui. Du passage, on monte au « vieux » quartier du panier. Là, tout change. Des rues plus étroites, le quartier est piétonnier. J’aime aussi l’idée qu’on change de niveau. J’inscris sur mon plan « Passage de Lorette ». On passera par là.

3ème jour : plus j’avance dans la ville, mieux j’imagine la marche. J’observe chaque lieu, chaque parcelle. J’ai envie de créer des contrastes, des changements d’atmosphère, de points de vue sur la ville. C’est à ceux qui participeront à la marche que je pense en mettant ces morceaux de ville bout à bout, mais aussi à Alice, à ce qu’elle « verra ». La chose que je préfère : découvrir des endroits qui m’étaient parfaitement inconnus. Comme, par exemple, le promontoire de la rue des écuelles avec son « salon-bibliothèque », aux chaises attachées deux par deux le long du trottoir. Et cette vue de très haut qui donne sur la place Sadi Carnot.

4ème jour : levées tôt avec Alice rencontrée hier soir pour la première fois. On refait le parcours que j’ai commencé. Alice est d’accord pour que nous passions lors de la marche par la rue très vivante et populaire du Bon Pasteur. On va imaginer le reste du trajet ensemble. Impossible de traverser l’Hôtel Continental à partir de la Grand Rue. On rebrousse chemin. Place des Moulins. Près de la cathédrale de la Major, le vent souffle très fort. La percée visuelle sur la mer est splendide. Alice doit refaire tout le parcours seule afin de dessiner une ligne qui servira de fond et d’horizon ­­pour ses peintures de demain. C’est bon, après ça on est prêtes.

5ème jour : Jour de la marche. Départ près du grand escalier de la Gare. Nous donnons quelques consignes. En outre, j’aimerais que la marche soit silencieuse. Plusieurs arrêts sont prévus, où il est possible de se parler. De plus, étant donné que je « guide » la marche, chacun peut se laisser aller à ses impressions, ses sensations…On peut prendre des photos, dessiner mais aucune obligation à cela. On se met en route. Alice commence à dessiner.

Une fois l’escalier monté, on arrive sur la grande esplanade. Daniel m’a donné l’idée de passer par les nouveaux quartiers derrière la gare. Quand finalement on arrive Place Jules Guesde, on trouve des immeubles vides, sans fenêtres, comme dans le long de la rue du Bon Pasteur, suite à l’évacuation des habitants. Un moyen d’évoquer le drame de la rue d’Aubagne du 5 novembre 2018. Deux immeubles sont effondrés, causant la mort de huit personnes. Cet événement a provoqué une véritable crise sociale. Des milliers de personnes ont été évacuées par la mairie de leurs logements. A l’heure actuelle, beaucoup habitent encore à l’hôtel. Je n’ose imaginer ce qu’ils vivent en ce moment avec le confinement.

Une marcheuse me raconte qu’elle fait partie d’une association créée pour soutenir les habitants évacués. Butte des Carmes, rue des Carmelins, Passage de Lorette, Rue des Ecuelles, Place des Moulins. Le temps nous manque. Nous ne verrons pas la mer ce jour-là. Mais Alice déroule le « rouleau de paysage » devant la Vieille Charité. C’est un peu de « paysage » devant nous.

Chacun place les objets choisis pendant la marche sur le rouleau, ou fait un dessin, écrit quelque chose. On se met à discuter, on échange des adresses. Une belle journée qui commence.

 

Remerciements : Raphaëlle Paupert-Borne et Jean Laube et la tante d’Alice pour l’hébergement, Daniel Labat-Gest pour les photographies de la marche, Guillaume Monsaingeon pour son accueil, Gilles Tiberghien et Jean-Marc Besse pour l’organisation de ces journées, le Frac PACA, Jean-Paul Thibeau pour sa présence, enfin Frédéric Danos, avec qui j’ai découvert l’art de la marche.

Marche menée par Claire Renier et Alice Freytet, au cours des Rencontres « La marche catalyse de l’art et du savoir », 13 mars 2020.

Photographies prises par Daniel Labat-Gest et Claire Renier
Parcours de l’Ecole Supérieure du Paysage de Marseille à la Vieille Charité.