• Dimanche 10 avril, 14h
Départ de la galerie pour une “promenade active” organisée par Claire Renier dans le quartier de Belleville.
“À partir d’un parcours dans le quartier de Belleville, je souhaite par la marche “activer” un espace, le temps d’un après-midi, installer une présence diffuse dans la ville ; permettre aux participants d’être disponibles, de se laisser aller à leurs impressions diverses. Ils sont invités à ramener des traces de cette promenade (dessins, mots glanés, récits, photographies…) que l’on mettra ensuite en commun. À partir d’un trajet déterminé peut advenir le hasard, l’accident. C’est le temps de l’action, de la rencontre, et de la relation qui est important.
“L’acte de marcher est au système urbain ce que l’énonciation est à la langue ou aux énoncés proférés.”
Michel de Certeau, dans “L’Invention du quotidien 1. Arts de faire.”
Au départ, dans cette Belle Ville, était le bitume où le vent avait semé un pétale d’or : les pigeons et les enfants marchaient à côté sans le voir, happés par les pavés, les dallages, les quadrillages, les carrelages, les grillages qui parfois cédaient le pas au vert forgé des buissons – mais quelle différence entre un sens interdit et le vol d’un ange blessé larguant ses plumes rouges : « votre sérénité » ?
Au détour des escaliers, rutilant derrière les palissades du parc, le pavot retrouvait ses pétales de feu, là où les muses de Wallace arrosent l’iris et le cerisier, là où le quartier tutoie les nuages. S’il est interdit de se coucher sur l’herbe, on peut toujours battre le pavé d’une semelle décidée, se dit la femme d’Haïti au foulard d’un rose si doux qu’il fait chanter sa peau, passant altière devant les drapeaux de prière tibétains, tandis que derrière elle, à cet instant précis, l’indien qui suivait la piste retrouva sa plume : elle était rouge. L’homme venu d’Atacama raconte à qui veut l’entendre : Au départ était le bitume, où le vent avait semé… Claire Bustarret